Un petit coin de paradis
Aujourd’hui, nous poursuivons notre étude sur l’agriculture dans un village à une vingtaine de bornes de Ringora (village où nous habitons). Notre cher maître de stage passe nous prendre à 6h du matin. Sa jeep date de la guerre du Vietnam et nous devons y rentrer à 7. La partie de Tétris réussie, nous prenons la route, Sumantha en profite pour nous briefer sur la personne à qui nous allons rendre visite. C’est un vieil ami à lui, qui l’a beaucoup aidé pour la création de Mahseer Conservancy.
Enfin arrivés, nous rencontrons cet homme imposant, cicatrice sourcilière et mâchoire taillée dans l’ébène massif. Un petit tour de l’exploitation pour y découvrir du labour en terre inondée, mais une agriculture un peu plus conventionnelle et réfléchie qu’à Ringora.
Vers 10h du matin, nous prenons le « breakfast » en réalisant notre interview. Le quatrième thé de la matinée avalé, nous partons pour une autre exploitation. En embarquant dans notre Jungle car, le maitre des lieux nous intercepte et nous parle d’une cascade au milieu de la jungle. Cette brève intervention aura son importance plus tard dans la journée.
Le transfert finis, nous découvrons une sorte de havre de paix à l’Indienne. Une maison totalement intégrée à la végétation environnante. A l’intérieur, hauts plafonds et silence absolu. Cet endroit est hors du temps. Le propriétaire nous explique qu’il y pratique l’agriculture biologique et y tient un gîte éco-touristique.
Après cette pause apaisante, nous pensons rentrer à Ringora lorsque Sumantha nous explique que ses amis font un pique-nique sous une chute d’eau. Emballés par cette alléchante proposition nous achetons quelques bières et vodka. Nous entamons alors un périple en Jeep à travers jungle. La route est escarpée, le chauffeur peu rassurant, mais nous arrivons à bon port sans embuche. Il faut encore marcher une vingtaine de minutes dans cette forêt primaire. Soudain, l’horizon se dégage légèrement, et nos regards se bloquent sur cette splendeur hydrogéologique : Une chute d’eau de plus de 60 mètres avec au pied un bassin, une sorte de piscine naturelle. Après avoir repris nos esprits suite à ce choc pictural, nous amorçons la descente.
A notre arrivée, tout est prêt. Le poulet cuit, le riz est trié et l’apéro servi. En guise d’amuse bouche, de la chèvre crue.
L’envie de goûter à cette thalasso naturelle monte, et nous nous offrons un massage tonique. C’est comme un Calicéo au milieu de la jungle. Lorsque nous sommes bien rafraîchis, nous regagnons notre place autour de l’apéro. Les bouteilles vides s’amoncellent et deux éclaireurs sont chargés de réapprovisionner le stock de vodka et bière. Ils reviendront après plus d’une heure d’expédition, les mains pleines de carburant.
Nous décidons alors de passer à table pour goûter à ce poulet dont l’odeur nous a déjà tous mis en appétit. Ce sera probablement notre meilleure expérience de poulet du voyage. Nous refaisons les réserves de protéines animales pour la semaine. Quant au riz, il est collant, mais c’est ainsi qu’on le mange en Inde. En guise de pause digestive, nous retournons sous la cascade avec nos amis Indiens. On danse, on chante, on rigole. Pendant ce temps là, notre maitre de stage (en caleçon), en bon biologiste qu’il est, se cantonne à chercher des crabes dans les rochers.
Nous entamons alors le chemin du retour, un peu moins vaillants et vifs qu’à l’aller, mais des images plein la tête. De retour à Ringora, Champa (notre hôtesse qui prend son rôle très à cœur) nous fait quelques remontrances quant à l’heure tardive (19h30) à laquelle nous arrivons. A ce moment précis, ses petits reproches n’ont aucune importance car nous venons de passer une des plus belles journées de notre stage !
Valentin